Premier rapport sur l'état mondial des espèces migratrices : un appel urgent à l'action internationale

Vendredi 16 Février 2024
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A l’occasion de la 14e conférence des parties de la convention de Bonn sur les espèces migratrices, un rapport dresse un constat alarmant sur la situation - avec un déclin global et un risque accru d'extinction pour ces espèces - et appelle à une action mondiale.

Les espèces migratrices, terrestres, aquatiques ou volantes, jouent un rôle vital dans la préservation d'écosystèmes fonctionnels à travers le monde. Traversant des milliers de kilomètres, ces espèces dépendent d’un large éventail d’habitats pour se nourrir, se reproduire et se reposer, et à leur tour, jouent un rôle essentiel dans le maintien d’écosystèmes sains et fonctionnels. Leurs déplacements transcendent les frontières nationales, nécessitant une coopération internationale pour assurer leur préservation. La Convention sur la conservation des espèces migratrices (CMS), ou convention de Bonn, établie en 1979, constitue le pilier de cette collaboration internationale.

Le tout premier état des espèces migratrices dans le monde est publié à l’occasion de la conférence des parties de la convention (COP 14) qui s’est réunie du 12 au 17 février à Samarkand en Ouzbékistan.

Une situation alarmante

Ce rapport réalise une analyse approfondie de la situation actuelle. En mettant l'accent sur les 1200 espèces inscrites aux annexes de la CMS, le rapport dévoile une situation alarmante. Une espèce sur cinq est menacée d'extinction, et 44 % subissent un déclin démographique. Les poissons, avec 97 % d’espèces menacées d'extinction, témoignent d'une baisse spectaculaire sur les cinquante dernières années. Notons que 399 espèces migratrices en danger ne font pas partie des annexes de la CMS.

La détérioration de la situation des espèces migratrices est due à des niveaux intenses de pression anthropique. En raison de leur mobilité, de leur dépendance à l’égard d’habitats multiples et de la connectivité entre les habitats, les espèces migratrices sont exposées à un large éventail de menaces causées par les activités humaines. Ces pressions interagissent souvent pour s’exacerber mutuellement : perte, dégradation et fragmentation des habitats, surexploitation, pollutions – plastiques, chimique, lumineuse, bruit sous-marin - et effets du changement climatique. 58 % des sites surveillés reconnus comme importants pour les espèces migratrices sont soumis à des niveaux insoutenables de pressions anthropiques.

Appel à une action mondiale coordonnée

Face à cette crise, le rapport exhorte à une action internationale immédiate et coordonnée pour inverser le déclin des populations migratrices. Bien que des initiatives collaboratives existent dans le cadre de la CMS, le renforcement de ces efforts est impératif. Les priorités devraient porter sur le renforcement du réseau mondial d’aires protégées, l'amélioration de la connectivité entre ces sites, et la lutte accrue contre la surexploitation.

La Convention sur les espèces migratrices, en tant que plateforme mondiale pour la coopération internationale, met en avant le rôle essentiel des gouvernements, des communautés, et de toutes les parties prenantes. Alors que le monde renouvelle ses engagements envers la biodiversité via le Cadre mondial de Kunming-Montréal, une action collective urgente est nécessaire pour concrétiser ces engagements et réaliser les aspirations de préservation des espèces migratrices.

Partenariat mondial sur la connectivité écologique

En marge de ce sommet, plusieurs organisations environnementales et quelques Etats dont la France, ont initié un Partenariat mondial sur la connectivité écologique (GPEC). Ce partenariat est une réponse au rapport, l’objectif général est de garantir que la connectivité écologique soit maintenue, améliorée et restaurée dans les lieux d'importance pour les espèces migratrices d'animaux sauvages.

Vers un Plan stratégique pour les espèces migratrices

La COP 14 conclut - avec l'adoption d'un plan stratégique pour les espèces migratrices (PSEM) - au nécessaire renforcement de la coopération internationale et transfrontalière pour maintenir et améliorer la connectivité écologique des habitats transfrontaliers, des zones protégées transfrontalières et des écosystèmes qui sont soit vulnérables, soit partie de la zone de migration d'espèces spécifiques.