Paroles d'acteurs

Infrastructures de transport et d’énergie, territoires, écosystèmes et paysages : quel rôle pour la recherche ?

Vendredi 28 Octobre 2022
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Yannick AUTRET, Secrétaire du programme national de recherche ITTECOP
Commissariat général au développement durable - Service de la recherche et de l'innovation

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Pierre Dubreuil
Directeur général de l’Office français de la biodiversité

L’Office français de la biodiversité (OFB) vient de fêter son premier anniversaire le 1er janvier. Notre tout jeune établissement réunit près de 2800 agents qui œuvrent au quotidien en faveur de la préservation et de la restauration de la biodiversité sur tout le territoire français.

Plus que jamais, dans ce contexte pandémique si spécial, je souhaite mettre le lien humain au cœur des actions de l’OFB en impliquant le plus grand nombre d'acteurs et de citoyens. C’est cette volonté qui a guidé notre campagne de communication l’été dernier afin de sensibiliser largement le public aux enjeux de la biodiversité dans l’hexagone ainsi que dans les outre-mer. La mobilisation des acteurs s’incarne aussi dans l’initiative "Engagés pour la nature" qu’anime l’OFB pour inviter un maximum de collectivités et d’entreprises à mener des actions concrètes en faveur de la nature. Plus de 300 d’entre elles sont déjà engagées.

Cette année 2021 sera une année importante pour la biodiversité, à la fois en termes d’évènements mobilisateurs avec le Congrès mondial de la nature qui se tiendra à Marseille en septembre et en matière de politiques publiques avec l'élaboration de la nouvelle Stratégie nationale de la biodiversité. Je souhaite également que la Trame verte et bleue soit à l’honneur dans des actions phares. Nous lançons en 2021"l’année de la haie", autour de cet enjeu majeur de biodiversité et de connectivité de nos territoires. L’OFB est aussi un opérateur du plan de relance du Gouvernement. Dans ce cadre nous accompagnerons des actions concrètes de restauration des milieux terrestres, notamment sur des secteurs dégradés en terme de continuité écologique.

Enfin, c’est bien sous le signe de la mobilisation sur la Trame verte et bleue que nous commençons l’année grâce au MOOC Trame verte et bleue, une formation en ligne gratuite et ouverte à tous qui a démarré ce lundi pour une durée de 9 semaines. L’objectif de ce MOOC est de former un maximum de personnes – techniciens, élus, étudiants, bénévoles, citoyens engagés - aux enjeux des continuités écologiques et des outils pour agir en leur faveur. Ce sont déjà plus de 11 000 personnes qui se sont inscrites à cet événement mobilisateur en métropole, dans les outre-mer et dans de nombreux pays tout autour du globe.

Je fais le vœu que ces projets feront progresser la consciente agissante de chaque citoyen de la fragilité de notre patrimoine naturel vivant.

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Le Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale héberge 80 % des espèces animales et végétales présentes dans les Hauts-de-France. Conscient de sa responsabilité en matière de préservation de la biodiversité, il est très actif, depuis de nombreuses années, sur la mise en œuvre de sa Trame verte et bleue.

Philippe LELEU
Président du Parc naturel régional des Caps et Marais d'Opale
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Stefan Leiner, Chef d'unité Biodiversité
Direction générale de l'environnement, Commission européenne

La stratégie de l’Union européenne en matière de biodiversité vise à l’horizon 2020 la préservation et l’amélioration des écosystèmes et de leurs services. Dans ce cadre et parmi d’autres mesures, il est prévu de mettre en place une infrastructure verte et de rétablir les écosystèmes dégradés.

L’infrastructure verte est le réseau constitué de zones naturelles et semi-naturelles et d'autres éléments environnementaux faisant l'objet d'une planification stratégique, et destinés à fournir de multiples bénéfices, dits "services écosystémiques". En France, cela correspond à la Trame verte et bleue. En 2013, la Commission a adopté une stratégie européenne sur l’infrastructure verte afin de retenir une définition commune, d’encourager le développement de ce concept dans les différents États membres et de stimuler les investissements dans le capital naturel européen.

Les sites et fonctions du réseau Natura 2000 sont le fondement de l’infrastructure verte européenne. Il ressort du bilan de la législation Nature que, si les Directives jouent un rôle clé dans la stratégie de l’Union en matière de biodiversité, elles ne sauraient à elles seules permettre d’enrayer la perte de biodiversité d’ici à 2020. Le "plan d’action pour le milieu naturel, la population et l’économie" prévoit des mesures supplémentaires telles que l’élaboration de lignes directrices afin de soutenir le déploiement de projets d’infrastructures vertes à l’échelle de l’Union en vue notamment de renforcer la connectivité écologique des zones Natura 2000. Ces lignes directrices sont en cours de finalisation.

Un rapport technique sur le déploiement stratégique de l’infrastructure verte et la restauration des écosystèmes vient par ailleurs d’être publié. Il fournit des outils et des méthodes géomatiques sur la base d’études de cas à différentes échelles pour la cartographie et la mise en œuvre d’une infrastructure verte bien connectée, multifonctionnelle et transfrontalière.

Tous les rapports scientifiques récents, notamment ceux de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) démontrent que, malgré les efforts réalisés jusqu’à présent, la perte de la biodiversité continue en Europe et dans le monde. Il sera donc essentiel d’accroître l’ambition européenne sur la biodiversité.

La Commission européenne initie une réflexion sur l’après-2020 et portera une attention particulière aux progrès des dernières années et aux meilleurs pratiques en matière de déploiement de l’infrastructure verte en Europe. Nous espérons que la France, forte de sa politique Trame verte et bleue, aura un rôle moteur en la matière.

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Avec la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, nous avons tracé une voie ambitieuse pour la transition écologique de nos territoires : 1ère Région à Energie positive, économie circulaire et retour au sol de la matière organique, démarche "H2o30" pour une gestion durable de la ressource en eau, soutien à l’agriculture Bio, animation d’une communauté de travail "éviter-réduire-compenser".

Agnès Langevine
Vice-Présidente de la Région Occitanie en charge de la Transition écologique et énergétique, biodiversité, économie circulaire, déchets
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Patrick BARBIER
Maire de Muttersholtz

Capitale française de la biodiversité 2017, la commune de Muttersholtz agit depuis 10 ans en faveur de la Trame verte et bleue. À l'origine de tout cela ? L'enthousiasme de Patrick Barbier, son maire, à qui nous donnons la parole.

La Trame verte et bleue est une démarche qui permet la reconquête progressive d’espaces écologiques, notamment en contexte d’agriculture intensive. C’est ce que nous expérimentons à Muttersholtz, commune de 2000 habitants située dans la riche plaine agricole d’Alsace. Petit à petit, patiemment, au gré des opportunités foncières, nous reconstituons un maillage d’infrastructures agro-écologiques : ripisylves le long des cours d’eau, corridors prairiaux, chapelets de mares, ceintures de vergers, haies champêtres, culture biologique…

Les instruments utilisés sont multiples : compensation écologique dans le cadre du remembrement agricole, gestion des terrains communaux, dialogue territorial dans l’aire d’alimentation de captage, travaux de génie écologique pour les cours d’eau et les zones humides fortement financés par l’Agence de l’eau Rhin-Meuse et la Région Grand-Est, emplacements réservés dans le plan local d’urbanisme, baux environnementaux, exonération de taxe foncière et priorité à l’agriculture biologique sur les terres communales, atelier associatif de jus de pomme, projet d’espace naturel sensible…

C’est une banalité de le dire mais cela doit être répété : la clé de la réussite de toute politique publique, particulièrement dans un domaine aussi complexe que celui de la biodiversité, réside dans la constance de la volonté politique sur plusieurs années, la connaissance du terrain et le dialogue entre les acteurs.

À Muttersholtz, la municipalité s’appuie sur le système d’information géographique pour avoir une vision claire des terrains communaux et de leurs usages. Elle s’adjoint également des compétences associatives comme celle de la Ligue pour la protection des oiseaux en matière d’expertise naturaliste. Ce partenariat a abouti à une véritable feuille de route cartographiée pour les projets de renaturation.

Le dialogue territorial doit être permanent, notamment avec les acteurs principaux que sont les agriculteurs. Rien ne peut se faire sans leur adhésion ou au moins leur compréhension des enjeux. Dans un contexte économique difficile, ils sont à la recherche de nouvelles solutions pour exercer leur métier. La commune dispose de leviers pour aider à cette recherche : mobilisation d’aides et de conseils agri-environnementaux, participation citoyenne, impulsion de plan alimentaire territorial (développement des circuits courts), diversification agrotouristique ou énergétique.

Au bout de ce travail collectif quotidien, nous pouvons témoigner que l’espoir n’est pas vain : à Muttersholtz, modestement mais sûrement, la biodiversité regagne du terrain !

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Les espaces agricoles sont au carrefour de différents enjeux qui constituent une priorité sociétale mais aussi un défi politico-économique. Cette nouvelle agriculture doit répondre au triptyque suivant : une agriculture à la fois plus durable, plus respectueuse des ressources naturelles et plus résiliente face aux changements globaux. Ce changement de paradigme prend la forme d’une voie alternative, reprise sous le concept d’agro-écologie, popularisé par Miguel Altieri.

Vincent Bretagnolle, Directeur de recherche
CNRS, Centre d'études biologiques de Chizé
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Après l'adoption des Schémas régionaux de cohérence écologique (SRCE) et le travail en cours d'intégration des continuités écologiques dans les documents d'urbanisme, la Trame verte et bleue (TVB) rentre désormais dans sa phase opérationnelle. Celle-ci se caractérise par la réalisation de travaux de préservation et de remise en bon état des milieux naturels et semi-naturels, avec le nécessaire appui du génie écologique. Ces opérations peuvent être diverses : revégétalisation, construction de passages à faune, destruction d’obstacles, déplacement ou réintroduction d’espèces, etc.

Evanne Le Fur, Chargée de mission Génie écologique
Agence française pour la biodiversité
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Définir les enjeux de la biodiversité et localiser la Trame verte et bleue dans les grands schémas régionaux est une excellente chose. Chercher à la restaurer, la préserver, lui donner toute sa place dans les projets urbains au plus près des habitants via les documents de planification pour des résultats concrets, c’est encore mieux !

Joël Baud-Grasset
Président de la Fédération nationale des conseils d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (FNCAUE)
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Quarante ans après la loi de 1976 sur la protection de la nature ; l’association Humanité et biodiversité - dont je suis devenu président d’honneur - a beaucoup œuvré pour qu’une nouvelle loi soit adoptée. Que de péripéties depuis son annonce en 2012 ! Le projet de loi Biodiversité se veut exister pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages.

Hubert REEVES

Astrophysicien
Président d’honneur de Humanité et biodiversité

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