Depuis 2012, 9 passages à petite et moyenne faune (8 buses sèches au droit d’ouvrages hydrauliques et une buse sèche en milieu boisé) nouvellement installés sous deux autoroutes du centre-ouest de la France ont été suivis par pièges photographiques sur des périodes variant de 9 à 24 mois selon les sites.
Au total 5338 passages concernant 16 espèces de petits, moyens et grands Mammifères (Micromammifères exclus), comptant parmi celles les plus soumises aux collisions routières, ont été détectés. Le nombre moyen de passages par jour et par ouvrage observé de 1,20 ± 0,70 ET est similaire à d’autres suivis menés en Europe de l’Ouest sur des ouvrages semblables. Près de 91 % de ces passages sont attribuables à 5 espèces : le Blaireau Meles meles (45 %), le Renard roux Vulpes vulpes (19 %), le Lapin de garenne Oryctolagus cuniculus (9 %), la Genette commune Genetta genetta (9 %) et la Fouine Martes foina (9 %).
Le nombre de jours de suivi et la saison influencent tout deux significativement les nombres de passages journaliers détectés de ces cinq espèces. Une augmentation du nombre de leurs passages d’un facteur 8 est observée sur les deux premières années de l’étude. Les suivis ayant démarré juste après la mise en service des ouvrages, cette augmentation peut s’expliquer au regard du temps nécessaire aux animaux pour trouver les dispositifs de franchissement et les incorporer dans leurs patrons de déplacements via une période d’adaptation et de processus d’apprentissage.
Les diminutions significatives des taux de refus observées chez les Blaireau et Renard au cours du suivi corroborent l’hypothèse d’une accoutumance de la faune aux ouvrages. Indépendamment de la durée du suivi, les nombres de passages détectés de Blaireau, Renard, Lapin et Fouine montrent des saisonnalités spécifiques marquées ; celles-ci pouvant coïncider avec le rythme d’activité des espèces au cours de l’année. Ces premiers résultats sont encourageants et incitent à poursuivre le suivi pour mesurer l’efficacité des ouvrages une fois la période d’adaptation de la faune passée. Pour ce faire, le suivi par pièges photographiques devra être couplé d’échantillonnages additionnels pour évaluer les bénéfices individuels et populationnels de ces ouvrages pour la faune sauvage